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Karen aurait aimé …
Derniére mise à jour :
07 mars 2017
Temps de lecture : 4 minutes
Dimanche 4 octobre 2015, à 8h du matin, le village d’Odysséa Paris sur l’esplanade de Vincennes est déjà bien rempli. A l’entrée du parc floral, juste devant l’immense lettre « P », un groupe s’affaire pour monter des tables et accrocher une grande banderole. Les coureurs sont plus nombreux à chaque instant. Sur la banderole, de grandes lettres rose et chocolat : « Karen aurait aimé ».
Karen, c’était cette ravissante jeune femme dont tous ceux qui l’ont connue gardent le même souvenir ; Karen était gaie, dynamique, pleine de vie et de projets. En janvier 2009, lorsque les médecins lui diagnostiquent un ostéosarcome – une forme rare de cancer des os qui touche surtout les enfants et les jeunes adultes – c’est une nouvelle impensable pour tout le monde. Karen n’a jamais eu aucune alerte, elle adore les sports de glisse et avec son mètre 82, elle respire la santé. Coiffeuse à domicile, elle vient tout juste de démarrer un nouveau projet professionnel passionnant avec une grande marque de cosmétiques.
Après une bataille de 15 mois, entourée par sa famille, ses amis et l’équipe médicale de Gustave Roussy, Karen s’est éteinte le 13 mai 2010. Elle venait d’avoir 28 ans. Depuis 5 ans, ses proches se réunissent chaque année, début octobre, pour courir ensemble Odysséa Paris. De quarante coureurs et marcheurs la première année, ils sont maintenant plus de 150 et ont remporté cette année encore le trophée du groupe Odysséa « hors entreprise » le plus nombreux. Véronique Raviolo, qui connaissait bien Karen et qui organise le rassemblement chaque année, est allée sur le podium chercher le prix, très émue.
C’est très étrange. On est content d’être si nombreux, mais on aurait tellement aimé ne jamais avoir à réunir tant de gens dans ces conditions. On aurait voulu courir Odysséa avec Karen. Elle aurait adoré ça.
C’est toute l’ambivalence de cette journée, pleine d’émotions contradictoires.
On pense tous à Karen. Même les nouveaux qui rejoignent chaque année le groupe et qui ne la connaissaient pas. Il y a de la tristesse car elle nous manque terriblement, et en même temps, Karen est parmi nous ; on porte son message.
Ajoute Véronique. Pour d’autres, cette course est l’occasion de rendre hommage à Karen, de donner un sens à son absence, d’entourer ses parents Mireille et Michel pour leur montrer que personne n’oublie Karen.
C’est aussi une manière de tenir une promesse faite à Karen ; pendant sa maladie, elle avait demandé à ses proches de donner leur sang, et de s’impliquer dans la lutte contre le cancer. Promesses tenues ; chaque année, Véronique et Stéphanie Renouard, la sœur aînée de Karen, réunissent leur groupe à deux reprises : pour une journée de don du sang, puis ensuite pour Odyssée.
Pour Stéphanie, la course Odysséa est placée sous le double signe de l’énergie et de l’espoir :
Ma sœur s’est retrouvée rapidement en fauteuil, elle ne pouvait plus se servir de ses jambes. Alors, quand je suis fatiguée sur le 10km, je pense à elle, je me dis que j’ai la chance d’être vivante et que je ne dois rien lâcher, et l’énergie revient d’un coup !
L’objectif d’Odysséa est aussi une grande motivation pour Stéphanie :
On veut vraiment faire avancer la recherche médicale. Pour qu’on trouve des solutions pour toutes les Karen
Et Stéphanie veut vraiment que tout le groupe passe une belle journée :
C’est fou, il fait toujours beau à Odysséa ! Les gens sont heureux de courir, de faire de bons chronos, d’être ensemble tout simplement. Les enfants s’amusent, on est dans la vie, il y a des ballons, il faut bien sûr que ce soit une très belle fête !
Et les hommes de la famille ne sont pas en reste ; Fabien, le cousin nantais de Stéphanie, est depuis deux ans l’ambassadeur du groupe dans sa ville. Il rassemble entre 50 et 90 coureurs, et compte bien faire augmenter le chiffre en 2016. Il encourage tous les Nantais à le rejoindre pour une belle journée, sportive, caritative et surtout très conviviale ! Gaie, généreuse, pleine de vie : tous les coureurs du groupe s’accordent à dire que la course Odysséa est à l’image de Karen.
Après un grand banquet et un pique-nique au soleil, tous se sont donné rendez-vous l’an prochain, à Paris et à Nantes, pour courir à nouveau, tous ensemble, pour faire avancer la recherche contre le cancer. C’est certain : Karen aurait VRAIMENT aimé cette journée.
Histoire touchante et inspirante. Continuez !